mercredi 20 juin 2018

TC Zoo


TC Séquence Zoo...


  1. Texte A : Montaigne, Essais, « Au sujet d’un enfant monstrueux », II, 30, 1595, p. 275 du manuel.
  2. Texte B : J.-M. Leprince de Beaumont, La Belle et la bête, 1757, p. 276 du manuel.
  3. Texte C : Eugène Ionesco, Rhinocéros, 1960, Acte II, Deuxième tableau, p. 280-281 du manuel.
  4. Texte D : Antoine de Saint Exupéry, Terre des hommes, 1939, p. 326-327 du manuel.



  Quelle est la particularité des individus présentés dans ces textes ?

Tout d’abord, dans les textes de Montaigne et Mme Leprince de Beaumont, les individus ne sont pas considérés comme des êtres humains. La majorité des gens  ne voit que les apparences et les considèrent comme des monstres. En effet, Montaigne écrit l.  un2 « les êtres que nous appelons monstres ». La monstruosité de cet individu qui est un enfant se justifie uniquement par son apparence physique. Il s'agit d'un enfant avec 2 corps et une tête comme le montre les lignes 7 et 8 et 10- 11 : « au-dessous de ses tétins, il était attaché et collé un autre enfant sans tête ».  la monstruosité apparente se justifie par l'existence de 2 corps comme le souligne les expressions : « un autre enfant», « comme si un plus petit enfant voulait en embrasser en second ». Mais à part cette apparence physique, Montaigne souligne qu'il s'agit d'un enfant « ordinaire » l. 4 qui se comporte « à peu près comme les autres enfants du même âge » l. 5. D’autre part, dans le texte 2 l’individu, dès le titre,  est désigné par «la Bête ». En outre,  le terme  « monstre » est utilisé 5 fois pour  le désigner : ligne 1, 8, 15, l. 19 et 21. . Cet aspect monstrueux se justifie par sa laideur évoquée lignes 6 et 26 par une hyperbole : « si laid », l.6 et « si laide » l. 26. L'individu se considère comme un animal l. 13 : il se qualifie lui-même de « stupide »  par tradition l’intelligence est communément reconnue aux humains uniquement . Il  a aussi une attitude animale comme on peut le voir l. 21-22 puisqu’il « soupire et émet  un « sifflement » caractéristiques des animaux. Malgré cette apparence monstrueuse, les individus évoqués par  Montaigne et pour Madame le prince de Beaumont sont pour eux des êtres humains ou peuvent leur être assimilés.

En revanche, dans les textes 3 et 4, les individus qui nous sont présentés sont des êtres humains mais ils sont en train de perdre leur humanité. En effet, dans le texte d’Ionesco, Jean devient  un rhinocéros. On le voit par les nombreuses didascalies montrant qu'il adopte peu à peu un comportement animal : ligne 5, 12,14, et 19 « allant et venant dans la pièce, entrant dans la salle de bains, et sortant ». ce jeu répété 3 fois traduit le mouvement d'un animal en colère. De plus, les didascalies des lignes 22-31 et 34 indiquent qu'il a pris la voix d'un animal puisqu'il « barrit ». Enfin lignes 42 et 43 la didascalie indique la transformation physique : « Jean est devenu tout à fait vert. La bosse de son front est presque devenue un corne de rhinocéros ».  D’autre part, chez Saint-Exupéry ils sont devenus des marchandises comme le souligne les l. 1 et 2 l’expression « ballottés d'un bout à l'autre d'un bout de l'Europe à l'autre par les courants économiques ». Ils sont même inférieurs aux animaux l.25-26 « un animal vieilli conserve sa grâce » sous entendu l’homme non. Enfin l’assimilation de l’homme à un élément minéral par le biais de métaphores et comparaisons le réduit l'homme au néant, avant son existence. l.14, la  comparaison « pareil à un tas de glaise », l. l.23 et 25 les métaphores « devenus ces paquets de glaise » et  « cette belle argile humaine »  comme on le voit . Ici Saint Exupéry rappelle  la Bible et la création de l’homme fait de la main de Dieu  à partir  de glaise.. L’homme est donc revenu à son état originel, avant de recevoir le souffle de vie. N’ont plus de vie digne d’un être humain comme le souligne une autre métaphore du texte «l. 21-22 « machine à piocher ou à cogner ». C'est un outil. Les individus dans ce texte ont perdu tout ce qui fait l'humanité à savoir leur densité corporelle et  leur liberté d'agir puisqu'ils sont des machines.


      Qu'est-ce qui fait l'humanité selon les différents auteurs est ici proposé ?

Premièrement, dans les textes de de Montaigne et Saint Exupéry, c’est  Dieu qui fait l'humanité, qui rend les hommes hommes. Montaigne le dit clairement ligne 12 et 13 « les êtres que nous appelons monstres ne le sont pas pour Dieu, qui voit dans l'immensité de son ouvrage l'infinité des formes qu'il y a englobées ». Pour Montaigne la monstruosité est  la preuve que l'humanité est multiple.   Ces êtres aux physiques différents sont donc bien des êtres humains qu'il faut considérer avec bienveillance. Car « de sa parfaite sagesse il ne vient rien que de bon et d'ordinaire et de régulier. Ces 3 adjectifs coordonnés créés une accumulation qui contrebalance toute l'horreur contenue dans le terme « monstre ». Et, comme le dit la Bible, Dieu a créé l’homme à son image. Il faut donc modifier notre regard sur ces individus différents. Il faut se méfier des préjugés et ne pas confondre vérité ou réalité avec habitudes comme l’auteur le dit à la fin de son texte. L'être humain a tendance à considérer comme « contre nature » ce qui arrive contrairement à l'habitude ». Chez Saint Exupéry c’est aussi Dieu  qui fait l'humanité et qui est désigné  l. 52 par le mot « esprit » : « Seul l'esprit, s'il souffle sur la grippe glaise, peut créer l’homme.  Lorsque Dieu a eu terminé de modeler l’homme avec de la glaise il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet homme devint un être vivant.

Par ailleurs, dans les textes 2 et 3, ce qui fait l'humanité des individus est leurs qualités morales. Dans le texte 2,  la bête est bonne et gentille. Son aspect extérieur ne reflète donc pas ses qualités intérieures comme le montre le parallélisme de la ligne 26 : « c'est bien dommage qu'elle soit si laide, elle est si bonne » d'ailleurs plus haut dans le texte l'auteur insiste sur cette bonté l.4 et l.7. Aux lignes 9 à 11, la comparaison avec les hommes se fait à la faveur de la bête : « il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous […] qui avec la figure d’hommes,  cache un cœur faux, corrompu, ingrat » ce qui sous-entend que la bête est sincère, vertueuse et généreuse. Enfin, dans le texte de l'Ionesco, Jean, qui se transforme joyeusement en bête, renie l’humanité. C’est  Béranger qui rappelle ce qu'est un homme. Pour lui l'humanité se définit par des valeurs comme le montrent les lignes 24 et 25 « vous vous rendez bien compte que nous avons un philosophie que ces animaux n'ont pas, un système de valeurs irremplaçables. Des siècles de civilisation humaine l'on bâtit. ». A la l. 38 Béranger insiste et  en appelle à  l'humanité et l'humanisme avec la polyptote du mot « humain » : « je veux être humain, l'humanisme… ». Cet humanisme, ces valeurs dont qu'il parle sont les fondements de l’humanité qui nous distingue des animaux : le respect de l'autre, la capacité d’agir en conscience de manière responsable, indépendance de conscience et d’action. Indépendance qui prend une valeur toute particulière ici quand on sait que cette pièce fait de nombreuses références à des expériences totalitaristes et fasciste du XXème siècle. En fait d énonciation des hystéries collectives qui sont dangereuses pour l’auteur.

NB : Saint Exupéry insiste sur l’éducation, capitale pour que l’homme révèle tout son potentiel. « Mozart assassiné » est un enfant qui n’a pas eu l’occasion d’exploiter ses capacités musicales. Il n’est pas né dans le bon milieu social.

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