TC Séquence Zoo...
- Texte A : Montaigne,
Essais, « Au sujet d’un enfant monstrueux », II, 30, 1595, p. 275 du manuel.
- Texte B : J.-M.
Leprince de Beaumont, La Belle et la bête, 1757, p. 276 du manuel.
- Texte C : Eugène
Ionesco, Rhinocéros, 1960, Acte II, Deuxième tableau, p. 280-281 du
manuel.
- Texte D : Antoine de
Saint Exupéry, Terre des hommes, 1939, p. 326-327 du manuel.
Quelle est la particularité des individus présentés dans ces
textes ?
Tout d’abord, dans les textes de Montaigne et Mme Leprince de
Beaumont, les individus ne sont pas considérés comme des êtres humains. La
majorité des gens ne voit que les
apparences et les considèrent comme des monstres. En effet, Montaigne écrit l. un2 « les êtres que nous appelons monstres ». La
monstruosité de cet individu qui est un enfant se justifie uniquement par son
apparence physique. Il s'agit d'un enfant avec 2 corps et une tête comme le
montre les lignes 7 et 8 et 10- 11 : « au-dessous de ses tétins, il était
attaché et collé un autre enfant sans tête ».
la monstruosité apparente se justifie par l'existence de 2 corps comme
le souligne les expressions : « un autre enfant», « comme si un plus petit
enfant voulait en embrasser en second ». Mais à part cette apparence physique,
Montaigne souligne qu'il s'agit d'un enfant « ordinaire » l. 4 qui se comporte
« à peu près comme les autres enfants du même âge » l. 5. D’autre part, dans le
texte 2 l’individu, dès le titre, est
désigné par «la Bête ». En outre, le
terme « monstre » est utilisé 5 fois pour le désigner : ligne 1, 8, 15, l. 19 et 21. .
Cet aspect monstrueux se justifie par sa laideur évoquée lignes 6 et 26 par une
hyperbole : « si laid », l.6 et « si laide » l. 26. L'individu se considère
comme un animal l. 13 : il se qualifie lui-même de « stupide » par tradition l’intelligence est communément
reconnue aux humains uniquement . Il
a aussi une attitude animale comme on peut le voir l. 21-22 puisqu’il
« soupire et émet un « sifflement »
caractéristiques des animaux. Malgré cette apparence monstrueuse, les individus
évoqués par Montaigne et pour Madame le
prince de Beaumont sont pour eux des êtres humains ou peuvent leur être
assimilés.
En revanche,
dans les textes 3 et 4, les individus qui nous sont présentés sont des êtres
humains mais ils sont en train de perdre leur humanité. En effet, dans le texte
d’Ionesco, Jean devient un rhinocéros.
On le voit par les nombreuses didascalies montrant qu'il adopte peu à peu un
comportement animal : ligne 5, 12,14, et 19 « allant et venant dans la pièce,
entrant dans la salle de bains, et sortant ». ce jeu répété 3 fois traduit
le mouvement d'un animal en colère. De plus, les didascalies des lignes 22-31
et 34 indiquent qu'il a pris la voix d'un animal puisqu'il « barrit ». Enfin
lignes 42 et 43 la didascalie indique la transformation physique : « Jean est
devenu tout à fait vert. La bosse de son front est presque devenue un corne de
rhinocéros ». D’autre part, chez
Saint-Exupéry ils sont devenus des marchandises comme le souligne les l. 1 et 2 l’expression « ballottés d'un bout
à l'autre d'un bout de l'Europe à l'autre par les courants économiques ». Ils
sont même inférieurs aux animaux l.25-26 « un animal vieilli conserve sa grâce
» sous entendu l’homme non. Enfin l’assimilation de l’homme à un élément
minéral par le biais de métaphores et comparaisons le réduit l'homme au néant,
avant son existence. l.14, la
comparaison « pareil à un tas de glaise », l. l.23 et 25 les métaphores
« devenus ces paquets de glaise » et «
cette belle argile humaine » comme on le
voit . Ici Saint Exupéry rappelle la Bible et la création de l’homme fait de la
main de Dieu à partir de glaise.. L’homme est donc revenu à son état
originel, avant de recevoir le souffle de vie. N’ont plus de vie digne d’un
être humain comme le souligne une autre métaphore du texte «l. 21-22 « machine à
piocher ou à cogner ». C'est un outil. Les individus dans ce texte ont perdu
tout ce qui fait l'humanité à savoir leur densité corporelle et leur liberté d'agir puisqu'ils sont des
machines.
Qu'est-ce qui fait l'humanité selon les différents auteurs
est ici proposé ?
Premièrement, dans
les textes de de Montaigne et Saint Exupéry, c’est Dieu qui fait l'humanité, qui rend les hommes
hommes. Montaigne le dit clairement ligne 12 et 13 « les êtres que nous
appelons monstres ne le sont pas pour Dieu, qui voit dans l'immensité de son
ouvrage l'infinité des formes qu'il y a englobées ». Pour Montaigne la
monstruosité est la preuve que
l'humanité est multiple. Ces êtres aux
physiques différents sont donc bien des êtres humains qu'il faut considérer
avec bienveillance. Car « de sa parfaite sagesse il ne vient rien que de bon et
d'ordinaire et de régulier. Ces 3 adjectifs coordonnés créés une accumulation
qui contrebalance toute l'horreur contenue dans le terme « monstre ».
Et, comme le dit la Bible, Dieu a créé l’homme à son image. Il faut donc
modifier notre regard sur ces individus différents. Il faut se méfier des
préjugés et ne pas confondre vérité ou réalité avec habitudes comme l’auteur le
dit à la fin de son texte. L'être humain a tendance à considérer comme « contre
nature » ce qui arrive contrairement à l'habitude ». Chez Saint Exupéry c’est aussi
Dieu qui fait l'humanité et qui est
désigné l. 52 par le mot « esprit »
: « Seul l'esprit, s'il souffle sur la grippe glaise, peut créer l’homme. Lorsque Dieu a eu terminé de modeler l’homme
avec de la glaise il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet
homme devint un être vivant.
Par ailleurs, dans
les textes 2 et 3, ce qui fait l'humanité des individus est leurs qualités
morales. Dans le texte 2, la bête est
bonne et gentille. Son aspect extérieur ne reflète donc pas ses qualités
intérieures comme le montre le parallélisme de la ligne 26 : « c'est bien
dommage qu'elle soit si laide, elle est si bonne » d'ailleurs plus haut dans le
texte l'auteur insiste sur cette bonté l.4 et l.7. Aux lignes 9 à 11, la
comparaison avec les hommes se fait à la faveur de la bête : « il y a bien des
hommes qui sont plus monstres que vous […] qui avec la figure d’hommes, cache un cœur faux, corrompu, ingrat » ce qui
sous-entend que la bête est sincère, vertueuse et généreuse. Enfin, dans le
texte de l'Ionesco, Jean, qui se transforme joyeusement en bête, renie
l’humanité. C’est Béranger qui rappelle
ce qu'est un homme. Pour lui l'humanité se définit par des valeurs comme le
montrent les lignes 24 et 25 « vous vous rendez bien compte que nous avons un
philosophie que ces animaux n'ont pas, un système de valeurs irremplaçables.
Des siècles de civilisation humaine l'on bâtit. ». A la l. 38 Béranger insiste
et en appelle à l'humanité et l'humanisme avec la polyptote
du mot « humain » : « je veux être humain, l'humanisme… ». Cet
humanisme, ces valeurs dont qu'il parle sont les fondements de l’humanité qui
nous distingue des animaux : le respect de l'autre, la capacité d’agir en
conscience de manière responsable, indépendance de conscience et d’action. Indépendance
qui prend une valeur toute particulière ici quand on sait que cette pièce fait
de nombreuses références à des expériences totalitaristes et fasciste du XXème
siècle. En fait d énonciation des hystéries collectives qui sont dangereuses
pour l’auteur.
NB : Saint Exupéry insiste
sur l’éducation, capitale pour que l’homme révèle tout son potentiel.
« Mozart assassiné » est un enfant qui n’a pas eu l’occasion
d’exploiter ses capacités musicales. Il n’est pas né dans le bon milieu social.
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