L.A 2: « Cortège »
8ème poème des Fêtes Galantes.
Verlaine y peint un tableau : une femme raffinée passe, précédée
d’un singe de compagnie, suivie d’un négrillon qui soutient sa volumineuse
robe. L’un comme l’autre sont attirés par la sensualité de cette jeune élégante
qui, quant à elle, ignore les regards pleins de désirs de ces admirateurs
incongrus.
PBQ : Que nous apprend ce
poème sur la relation entre Verlaine et les femmes ?
I D’une part ce poème nous dévoile le type de femme qui
attire Verlaine
A-
En
effet, il aime les femmes raffinées et sensuelles
1. Raffinées
Ex 1 : mise à la rime de
mot « dentelle » v. 3 pour le mettre en évidence. Insiste sur la
matière délicate et riche de son mouchoir. On imagine une belle et fine
dentelle blanche.
Ex 2 Le CC de manière
« avec art » v. 4 est également mis à la rime pour le mettre en évidence. Traduit le bon goût de
cette femme qui a pris soin de mettre de beaux gants, bien adaptés à ses mains
et sans doute en accord avec sa tenue. Car au XIXème siècle, elle est considérée comme le reflet de la
personnalité entière.
Ex 3 : L’adjectif
mélioratif « somptueux » v. 15 désigne en fait la robe de la dame
que porte le négrillon. Elle est luxueuse et magnifique.
⇒ femme qui a du goût,
à la mode de l’époque des Fêtes galantes.
Ex 4 : les serviteurs
de son cortège sont eux aussi raffinés :
Le vêtement du singe est fait d’une riche étoffe « veste de
brocart » v. 1. ( soie brodée d’or ou d’argent)
Idem pour le vêtement du négrillon : « tout rouge » v.5
= tout de rouge vêtu. Il s’agit d’une métonymie.
Rouge = connotation de la richesse.
2. Sensuelles
Ex 5 : L’enjambement de « la gorge
blanche » v. 10 la met en valeur. La poitrine est un élt typiquement
sensuel. On sait qu’elle est « blanche » (adjectif épithète) cô le
voulait les canons de beauté de l’époque et « opulente » (adjectif
apposé) c’est-à-dire généreuse. Pour des
yeux masculins, cette poitrine généreuse fait de cette femme un être désirable.
B- D’autre part, Il semble être attiré par les
femmes inaccessibles et exotiques
1. Inaccessible
Ex1 : Pronom personnel « elle »
pour la designer : on ne connaît pas son identité « elle ». Pas
de portrait physique détaillé. → être mystérieux dc inaccessible
Verlaine ne nous
livre que 3 éléments de son physique : main / poitrine/ robe
2. Exotique
De par son « cortège » de serviteurs : le singe et le
négrillon
Ex 2 : 2 personnages traditionnels de l’exotisme au XVIIIème
siècle.
Singe : Animal de compagnie comme Verlaine l’écrit v. 20 raffiné
que doit avoir toute élégante. Sa
servilité est d’ailleurs soulignée v. 2 par les 2 verbes coordonnées de sens voisin « trotte et
gambade » et par la préposition
« devant elle », comme si elle le tenait par une laisse.
Le négrillon : Fait partie
de la domesticité des gens riches : apporte les rafraichissements, tient
les parasols, roule les tapis etc…
II Mais ce poème nous montre
aussi que Verlaine se moque des femmes et de leurs artifices : ce cortège
est burlesque
Burlesque : lorsqu’un élément noble est traité de manière triviale,
basse ridicule
Ce burlesque la rend comique
A. En effet, le portrait même de la femme est burlesque
Ex1 : v.3 elle froisse
son mouchoir de dentelle. Cô si elle le chiffonnait. On peut supposer qu’elle
est énervée. Fait d’elle une femme irritable ce qui contraste avec le tableau
élégant qu’elle donne par ailleurs. Verlaine met d’ailleurs l’accent sur ce
geste par les enjambements v.2-3. Donne de l’importance à ce geste.
Ex2 : Le mètre court,
octosyllabe, donne une allure sautillante au poème et confère à la dame une
démarche rapide qui renforce cette idée d’énervement.
Ex 3 : La lourdeur de
sa tenue contraste aussi avec l’élégance et le raffinement : v.7
« lourde robe » et v.15 « fardeau somptueux ». Cette
dernière expression est presque un oxymore qui montre que sa tenue se veut
élégante mais ne l’est en définitive pas car trop volumineuse.
Ex 4 : Si l’on
s’imagine l’ensemble du tableau, on se rend compte qu’elle occupe un grand et
large volume à cause de sa robe et qu’elle est entourée par 2 petits
gabarits : le singe « devant » v.2 et le « négrillon »
derrière puisque « maintient les pans de sa lourde robe » v. 6-7 →
tableau ridicule
Ex 5 : Métaphore implicite de la déesse v. 11 « opulent trésor que réclame le
torse nu de l’un des dieux »
·
renforce son inaccessibilité puisqu’un dieu la réclame et fait d’elle une déesse. On
comprend à ce stade de l’étude qu’il s’agit en fait d’une ridiculisation de la
femme car :
·
renvie à une image clichée : l’adjectif
« nu » laisse deviner en filigrane une scène érotique entre la
femme et le dieu, elle poitrine opulente, lui torse dénudé, tous deux enlacés…
OR Cette
« déesse » a pour soupirant 1 animal et un jeune domestique ce qui
est peu glorieux pour une dame de qualité.
→Verlaine se moque des artifices que déploient les femmes pour attirer
les regards masculins.
B. De plus, elle n’attire que les regards d’un
singe et d’un enfant, ce qui est peu glorieux.
- Le singe
Ex 1 : Le personnage
traditionnel de l’exotisme au XVIIIème siècle. Animal de compagnie comme
Verlaine l’écrit v. 20 raffiné que doit avoir toute élégante. Sa servilité est d’ailleurs soulignée v. 2 par
les 2 verbes coordonnées de sens voisin « trotte et gambade » et par
la préposition « devant elle », comme si elle le tenait par une
laisse.
Ex 2 : D’ailleurs lui aussi fait
preuve de raffinement puisque son vêtement est fait d’une riche étoffe
« veste de brocart » v. 1.
Mais son aspect raffiné s’arrête là : il est ridicule car habillé
comme un être humain. Verlaine a joué sur le sens du verbe « singer »
et l’animal. Il singe l’homme, paraît déguisé et cet accoutrement est comique.
Ex 3 : il est vicieux
puisqu’il ne cesse de regarder la poitrine de la dame v.9 comme le souligne
« ne perd pas des yeux ».
2. Puis avec le « négrillon »
Lui aussi est un personnage traditionnel de l’exotisme du XVIIIème
siècle. C’est un enfant. Fait partie de
la domesticité des gens riches : apporte les rafraichissements, tient les
parasols, roule les tapis etc…
Ex1 : Verlaine a pu
jouer sur le double sens de l’expression « tout rouge » métonymie
= tout de rouge vêtu mais aussi rouge de confusion à cause de ce qu’il voit …
Ex 2 : Sa difficulté à
tenir la robe v. 6 « à tour de bras » exp° familière qui renforce le
côté burlesque du tableau
- + v.6-7 l’enjambement insiste sur la
lourdeur de la robe et sa difficulté à la porter. Ce qui semble normal
puisque c’est un enfant
- + allitération en [s] v.7 qui souligne sa
confusion
Ex 3 : Lui aussi est
vicieux :
- v. 8 « attentif à tout pli »
allitération et assonance en [t] et [i] qui montre son extrême attention à
une quelconque opportunité de soulever davantage.
- v.13-14 « soulève plus haut qu’il ne
faut ». L’enjambement v.13-14 souligne l’ampleur de son geste de
soulèvement + allitération en [f]
v. 13-15 qui est mimétique de son effort et donc de son vice.
- Il veut
voir … les cuisses, le pantalon de lingerie pudiquement désigné par
la périphrase « ce dont la nuit il rêve ». Cette
périphrase montre que justement ce dont il rêve lui est inaccessible.
Il ne peut donc pas le nommer directement. Pudeur de Verlaine aussi. Le
contre rejet v. 15-16 souligne l’impatience du jeune garçon.
- v. 14 Verlaine le désigne comme un
« aigrefin » malin, rusé. C’est une manière d’insister sur son
vice.
CCl° :
ouverture
Ce poème rappelle à la fois « L’Allée »
et « Les ingénus » qui le
précèdent. L’allée parce que Verlaine y dépeint de manière moqueuse et comique
les artifices déployées par les femmes pour appâter les hommes et qu’il appelle
« afféteries ». Les ingénus parce qu’on y retrouve les jeux de
regards impudiques, où les jeunes gens essaient de voir sous les jupes des
jeunes filles qui semblent se prêter au jeu. Ce rapport de séduction se
retrouve aussi dépeint dans les tableaux. On pense notamment L'Escarpolette, Jean-Honoré Fragonard,
1766
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