vendredi 15 juin 2018

Réponse à notre PBQ : Comment la société influence-t-elle le destin des personnages ?


Réponse à notre PBQ :
Comment la société influence-t-elle le destin des personnages ?

LE DESTIN DES PERSONNAGES EST SCELLE PAR LA HIERARCHIE COLONIALE

 Rappel : Au bas de l'échelle, il y a bien sûr les indigènes. Mais au sein même de la communauté des colons blancs, il y a une hiérarchie au somment de laquelle se trouvent les colons riches. Ce sont ceux qui ont pu s’offrir les meilleures terres cultivables ou ceux qui ont obtenu de hauts postes dans l'administration coloniale et cadastrale. Ces derniers s'enrichissent notamment grâce aux pots-de-vin qu'on leur verse pour l'attribution de concessions.  Mais leur appât du gain et leur malhonnêteté sont si grands qu'ils attribuent parfois des terres incultivables. Or, selon la loi coloniale, si la terre n'est pas mise en culture, si elle ne produit pas,  les agents cadastraux ont le droit de la reprendre. Ils l’attribuent à quelqu'un d'autre qui aura payé lui aussi un pot de vin. C'est un cercle infernal. C'est ainsi que,  lorsque la mère achète sa concession au bord du Pacifique, elle est la quatrième propriétaire… La mère, quant à elle, se trouve au bas de l’échelle sociale des colons blancs.

1.       LA MERE ESSAIERA DE S’ELEVER DANS CETTE HIERARCHIE EN ACHETANT UNE CONCESSION CULTIVABLE, GRACE A LAQUELLE ELLE SOUHAITE S’ENRICHIR.
La mère est  victime de cette société coloniale. C'est une institutrice qui est venue en Indochine attirée par la promesse d'une vie facile et meilleure prônée par la propagande pro colonialiste de l'époque. Or elle retrouve la même hiérarchie qu’en France. Cette institutrice veuve se voit confier des postes déclassées, des postes de brousse, loin des villes. Mais  ne renonçant pas à accéder à une classe sociale plus élevée, elle décide d'acheter une concession. Alors  elle sera victime de l'administration coloniale à qui elle a confié toutes ses économies et qui  lui attribue une terre incultivable. Sa ruine la fera sombrer dans une sorte de folie revancharde. Elle essaiera coûte que coûte de construire des barrages contre les eaux du Pacifique, s’endettera pour cela. Et après 2 échecs, elle sombrera dans la maladie et mourra.
2.       LES DEUX VICTIMES  COLLATERALES DE LA MERE SONT SES ENFANTS. Comme elle,  ils se retrouvent au bas de l'échelle sociale. Comme elle ils sont pauvres et comme elle, il veulent échapper à leur condition sociale. Pour cela, ILS DOIVENT FUIR DE LA PLAINE ET DONC SE DETACHER DE LA MERE.

a)       Suzanne, elle, ressent douloureusement ce déclassement social lorsqu'elle va à la ville, dans le haut quartier, habillé et maquillée de manière outrancière par Carmen. Elle se sent décalée, est regardée avec moquerie et elle  trouve refuge au cinéma.
Le besoin d'argent de la mère la jette dans les bras de Monsieur Jo. Suzanne n'a aucune attirance pour lui. Mais sur les encouragements de sa mère elle entretient une relation platonique avec lui dans l'espoir de lui soutirer des biens matériels ou des cadeaux (photographe – diamant) voire une promesse de mariage. La mère est prête à donner sa fille pour de l’argent.

Elle souhaite fuir de la plaine, échapper à sa condition et à l’ennui. C’est pour cela, qu’après le départ de Joseph à la ville pour rejoindre Lina, elle se poste au pied de la piste en belle robe bleue, espérant attirer l’attention des riches chasseurs qui y passe et d’être enlevée comme dans les contes de fées…

b)      Joseph hérite de sa mère la haine des agents cadastraux. Il devient même violent à leur égard et lors d’une visite de contrôle visant à vérifier la productivité de la terre, visite ironique, Joseph s’énerve, va chercher son fusil et tire en l’air, mettant en fuite les fonctionnaires.

Il veut s'émanciper, sortir de sa condition de blanc pauvre.  Cette suite se fera par sa rencontre avec Lina, une femme riche et mariée. Elle se fera également par le travail qu'il accepte en tant que guide de chasse pour de riches américains.





TEXTES COMPLEMENTAIRES :

1.       Montesquieu, Les lettres persanes, 1721, p. 71, « Roxanne a Usbek, à Paris ».

Usbek, sultan, a quitté Ispahan pour se rendre en Europe, afin d’échapper aux représailles qui le menacent dans une cour corrompue, où sa franchise lui a valu plusieurs ennemis. Il quitte à regret un sérail de cinq épouses, qu'il confie à plusieurs eunuques despotes. A la fin du roman, il reçoit  une lettre lui apprenant que l'ordre du sérail est bouleversé. Les femmes se dévoilent et se livrent à l'adultère. Le mari réclame des sanctions immédiates. Roxane, l'épouse préférée a été "surprise dans les bras d'un jeune homme" qui est exécuté. Elle décide alors de se suicider mais avant, elle écrit à Usbek une lettre où elle lui  crie sa haine et revendique son droit à la liberté.


C’est le joug du sérail qui a dicté la conduite de Roxanne. C'est parce qu'elle vit dans une société où la femme est sous l'entière domination des hommes, que le sérail est un lieu despotique, qu'elle a agi comme elle a fait :

·         Elle insiste sur la soumission  qui lui a été imposée : l. 10 « je ne fusse dans ce monde que pour adorer tes caprices », « tu te permets tout », « le droit d'affliger tous mes désirs », l. 12 « vivre dans la servitude », l. 18 « ma soumission à tes fantaisies », l. 23 « un cœur comme le mien t’était soumis ».
→Roxanne bouscule ainsi plusieurs tabous du XVIIIe siècle : la domination des femmes par les hommes et la volonté de renverser cette hiérarchie mais aussi la volonté de se déterminer librement, tant sur le plan social, sexuel qu'idéologique. Roxanne remet en cause l'autorité d'Usbek en lui disant l. 12 à 14 « j'ai toujours été libre : mon esprit s'est toujours tenu dans l'indépendance ». Même si elle était prisonnière au sérail, elle n'appartenait pas à Usbek. C'est une idée nouvelle au XVIIIe siècle.

FACE A CES CONDITIONS DE SOUMISSION,
·         Elle est devenue menteuse, elle a triché comme le soul. l'emploi des verbes « se jouer » l. 1, « paraître » l.  16- 17, et  la répétition du verbe » tromper » l. 1 et 24
·         Elle a transformé le harem l. 2  « j'ai su, de ton affreux sérail, faire un lieu de délices et de plaisir. » L'antithèse entre « afrfreux sérail » et « lieu de délices et de plaisir » soul. cette transformation.
·         Elle se suicide : voyant qu'elle ne peut plus être heureuse puisque Usbek fait régner la terreur, que son amant a été tué, elle décide de se suicider, l. 4,  l. 27 -28.


2.       Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1968, p. 80 - 81.
La cour, dans le roman, est présentée comme un monde parfait. Du coup les personnages qui en font partie sont eux aussi parfaits, tant sur le plan physique que moral.
·         elle est jeune comme le soul. l’expression « extrême jeunesse » l. 25. En outre, sa beauté est magnifiée grâce à l’hyperbole contenue dans l’expression « beauté parfaite » l. 2 et grâce aux  répétitions 4 fois du nom « beauté » l.1-2-7-20.
·         Elle est vertueuse : Sa mère, Mme de Chartres  s’est appliquée « à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable » l.7-8.

Attention en préparant sa fille à être vertueuse l. 10 et « honnête » l. 18, en la préservant contre les hommes l. 15 et suivantes, et en prenant une vie sentimentale fidèle l. 23, Madame de La Fayette présente indirectement la cour comme un lieu de  « galanterie » l. 12 et de  perdition. En filigrane, le texte propose donc fidélité et légèreté, honnêteté et incivilités. Cette antithèse sera l'élément clé de l'intrigue à venir puisque, Mademoiselle de Chartres, épousera le prince de Clèves et aura à lutter pour rester honnête et fidèle puisqu'elle tomba amoureuse du duc de Nemours.

3.       Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, page 84- 85

·         Julien appartient aux jeunes romantiques qui considèrent être nés trop tard. Ils admirent Napoléon qui avait balayé les valeurs d'Ancien Régime et qui permettait une accession au pouvoir de tout homme de mérite, indépendamment de sa naissance et de son rang social. Julien est le fils d'un travailleur manuel. Si Napoléon avait survécu, il aurait pu bénéficier d'une ascension sociale. Mais le retour au pouvoir de Louis-Philippe a restauré la royauté et ses valeurs. Julien n'a plus n'a donc plus aucune chance de progresser dans cette société où les classes sociales sont figées. Il n'a donc plus qu'à lire les exploits de Napoléon l. 47 - 48.
·         Le père de Julien incarne la continuité : il travaille à la scierie et impose à ses 3 fils de marcher dans ses pas, d'adopter le même mode de vie et les mêmes valeurs. Nul moyen de se soustraire à la loi du père. Cette autorité ne pose aucun problème aux aînés dont le portrait physique est conforme à celui du père l. 1, 2, 3. Mais elle est vécue comme un écrasement par Julien dont le portrait physique est bien différent de celui de son père et de ses frères : l. 11, l. 58 -59.



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