Réponse à notre PBQ :
Comment la société influence-t-elle le destin des
personnages ?
LE DESTIN DES PERSONNAGES EST SCELLE PAR LA HIERARCHIE COLONIALE
Rappel : Au bas de l'échelle, il
y a bien sûr les indigènes. Mais au sein même de la communauté des colons
blancs, il y a une hiérarchie au somment de laquelle se trouvent les colons
riches. Ce sont ceux qui ont pu s’offrir les meilleures terres cultivables ou
ceux qui ont obtenu de hauts postes dans l'administration coloniale et
cadastrale. Ces derniers s'enrichissent notamment grâce aux pots-de-vin qu'on
leur verse pour l'attribution de concessions. Mais leur appât du gain et leur malhonnêteté sont
si grands qu'ils attribuent parfois des terres incultivables. Or, selon la loi
coloniale, si la terre n'est pas mise en culture, si elle ne produit pas, les agents cadastraux ont le droit de la
reprendre. Ils l’attribuent à quelqu'un d'autre qui aura payé lui aussi un pot
de vin. C'est un cercle infernal. C'est ainsi que, lorsque la mère achète sa concession au bord
du Pacifique, elle est la quatrième propriétaire… La mère, quant à elle, se
trouve au bas de l’échelle sociale des colons blancs.
1.
LA MERE ESSAIERA DE S’ELEVER
DANS CETTE HIERARCHIE EN ACHETANT UNE CONCESSION CULTIVABLE, GRACE A LAQUELLE
ELLE SOUHAITE S’ENRICHIR.
La mère est victime de cette
société coloniale. C'est une institutrice qui est venue en Indochine attirée
par la promesse d'une vie facile et meilleure prônée par la propagande pro
colonialiste de l'époque. Or elle retrouve la même hiérarchie qu’en France.
Cette institutrice veuve se voit confier des postes déclassées, des postes de
brousse, loin des villes. Mais ne
renonçant pas à accéder à une classe sociale plus élevée, elle décide d'acheter
une concession. Alors elle sera victime
de l'administration coloniale à qui elle a confié toutes ses économies et qui lui attribue une terre incultivable. Sa ruine
la fera sombrer dans une sorte de folie revancharde. Elle essaiera coûte que
coûte de construire des barrages contre les eaux du Pacifique, s’endettera pour
cela. Et après 2 échecs, elle sombrera dans la maladie et mourra.
2. LES DEUX VICTIMES
COLLATERALES DE LA MERE SONT SES ENFANTS. Comme elle, ils se retrouvent au bas de l'échelle sociale.
Comme elle ils sont pauvres et comme elle, il veulent échapper à leur condition
sociale. Pour cela, ILS DOIVENT FUIR DE
LA PLAINE ET DONC SE DETACHER DE LA MERE.
a)
Suzanne, elle, ressent douloureusement
ce déclassement social lorsqu'elle va à la ville, dans le haut quartier,
habillé et maquillée de manière outrancière par Carmen. Elle se sent décalée, est
regardée avec moquerie et elle trouve
refuge au cinéma.
Le besoin d'argent de la mère la
jette dans les bras de Monsieur Jo. Suzanne n'a aucune attirance pour lui. Mais
sur les encouragements de sa mère elle entretient une relation platonique avec lui
dans l'espoir de lui soutirer des biens matériels ou des cadeaux (photographe –
diamant) voire une promesse de mariage.
La mère est prête à donner sa fille pour de l’argent.
Elle souhaite fuir de la plaine,
échapper à sa condition et à l’ennui. C’est pour cela, qu’après le départ de
Joseph à la ville pour rejoindre Lina, elle se poste au pied de la piste en
belle robe bleue, espérant attirer l’attention des riches chasseurs qui y passe
et d’être enlevée comme dans les contes de fées…
b)
Joseph hérite de sa mère la haine des
agents cadastraux. Il devient même violent à leur égard et lors d’une visite de
contrôle visant à vérifier la productivité de la terre, visite ironique, Joseph
s’énerve, va chercher son fusil et tire en l’air, mettant en fuite les
fonctionnaires.
Il veut s'émanciper, sortir de
sa condition de blanc pauvre. Cette
suite se fera par sa rencontre avec Lina, une femme riche et mariée. Elle se
fera également par le travail qu'il accepte en tant que guide de chasse pour de
riches américains.
TEXTES COMPLEMENTAIRES :
1. Montesquieu, Les lettres
persanes, 1721, p. 71, « Roxanne a Usbek, à Paris ».
Usbek, sultan, a quitté Ispahan
pour se rendre en Europe, afin d’échapper aux représailles qui le menacent dans
une cour corrompue, où sa franchise lui a valu plusieurs ennemis. Il quitte à
regret un sérail de cinq épouses, qu'il confie à plusieurs eunuques despotes. A
la fin du roman, il reçoit une lettre lui
apprenant que l'ordre du sérail est bouleversé. Les femmes se dévoilent et se
livrent à l'adultère. Le mari réclame des sanctions immédiates. Roxane,
l'épouse préférée a été "surprise dans les bras d'un jeune homme" qui
est exécuté. Elle décide alors de se suicider mais avant, elle écrit à Usbek
une lettre où elle lui crie sa haine et
revendique son droit à la liberté.
C’est le joug du sérail qui a dicté la conduite de Roxanne. C'est parce qu'elle vit dans
une société où la femme est sous l'entière domination des hommes, que le sérail
est un lieu despotique, qu'elle a agi comme elle a fait :
·
Elle insiste sur la soumission
qui lui a été imposée : l. 10 « je ne fusse dans ce monde que pour
adorer tes caprices », « tu te permets tout », « le droit d'affliger tous mes
désirs », l. 12 « vivre dans la servitude », l. 18 « ma soumission à tes
fantaisies », l. 23 « un cœur comme le mien t’était soumis ».
→Roxanne bouscule ainsi plusieurs tabous du XVIIIe siècle :
la domination des femmes par les hommes et la volonté de renverser cette
hiérarchie mais aussi la volonté de se déterminer librement, tant sur le plan
social, sexuel qu'idéologique. Roxanne remet en cause l'autorité d'Usbek en lui
disant l. 12 à 14 « j'ai toujours été libre : mon esprit s'est toujours tenu
dans l'indépendance ». Même si elle était prisonnière au sérail, elle
n'appartenait pas à Usbek. C'est une idée nouvelle au XVIIIe siècle.
FACE A CES
CONDITIONS DE SOUMISSION,
·
Elle est devenue menteuse, elle a triché comme le soul. l'emploi
des verbes « se jouer » l. 1, « paraître » l. 16- 17, et la répétition du verbe » tromper » l. 1
et 24
·
Elle a transformé le harem l. 2 « j'ai su, de ton affreux sérail, faire un
lieu de délices et de plaisir. » L'antithèse entre « afrfreux sérail » et «
lieu de délices et de plaisir » soul. cette transformation.
·
Elle se suicide : voyant qu'elle ne peut plus être heureuse
puisque Usbek fait régner la terreur, que son amant a été tué, elle décide de
se suicider, l. 4, l. 27 -28.
2. Madame de La Fayette, La Princesse
de Clèves, 1968, p. 80 - 81.
La cour, dans le roman, est
présentée comme un monde parfait. Du coup les personnages qui en font partie
sont eux aussi parfaits, tant sur le plan physique que moral.
·
elle est jeune comme le soul. l’expression « extrême jeunesse » l.
25. En outre, sa beauté est magnifiée grâce à l’hyperbole contenue dans
l’expression « beauté parfaite » l. 2 et grâce aux répétitions 4 fois du nom « beauté »
l.1-2-7-20.
·
Elle est vertueuse : Sa mère, Mme de Chartres s’est appliquée « à lui donner de la vertu et
à la lui rendre aimable » l.7-8.
Attention en préparant sa fille à être vertueuse l. 10 et
« honnête » l. 18, en la préservant contre les hommes l. 15 et
suivantes, et en prenant une vie sentimentale fidèle l. 23, Madame de La
Fayette présente indirectement la cour comme un lieu de « galanterie » l. 12 et de perdition. En filigrane, le texte propose
donc fidélité et légèreté, honnêteté et incivilités. Cette antithèse sera
l'élément clé de l'intrigue à venir puisque, Mademoiselle de Chartres, épousera
le prince de Clèves et aura à lutter pour rester honnête et fidèle puisqu'elle
tomba amoureuse du duc de Nemours.
3. Stendhal, Le Rouge et le Noir,
1830, page 84- 85
·
Julien appartient aux jeunes romantiques qui considèrent être nés
trop tard. Ils admirent Napoléon qui avait balayé les valeurs d'Ancien Régime
et qui permettait une accession au pouvoir de tout homme de mérite,
indépendamment de sa naissance et de son rang social. Julien est le fils d'un
travailleur manuel. Si Napoléon avait survécu, il aurait pu bénéficier d'une
ascension sociale. Mais le retour au pouvoir de Louis-Philippe a restauré la
royauté et ses valeurs. Julien n'a plus n'a donc plus aucune chance de
progresser dans cette société où les classes sociales sont figées. Il n'a donc
plus qu'à lire les exploits de Napoléon l. 47 - 48.
·
Le père de Julien incarne la continuité : il travaille à la scierie
et impose à ses 3 fils de marcher dans ses pas, d'adopter le même mode de vie
et les mêmes valeurs. Nul moyen de se soustraire à la loi du père. Cette
autorité ne pose aucun problème aux aînés dont le portrait physique est
conforme à celui du père l. 1, 2, 3. Mais elle est vécue comme un écrasement
par Julien dont le portrait physique est bien différent de celui de son père et
de ses frères : l. 11, l. 58 -59.
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