L. A 3 : Le haut quartier
PBQ : Comment Duras fait-elle ici
une satire de la société coloniale ?
I Tout d’abord elle
critique la richesse du quartier.
Cette richesse se
lit dans différents aspects du quartier
A-
Enfin la richesse du quartier apparaît dans par son
luxe
Ex 1 : Les
autos : 2 adjectifs mélioratifs
« rutilante » l. 13 et « luisance » l. 31. → idée de
brillance, symbole du luxe.
+ « Taxis-
torpédos » l. 14 i.e décapotables, signe de richesse
+ « Autos
caoutchoutées » : le caoutchouc bien que produit en Indochine reste à
l’époque encore un produit de luxe, réservé aux riches.
→ bien différentes
de l’auto de Joseph dont la description nous est faite p. 48-52.
Ex 2 : Les
magasins : accumulation l. 37-39 →Ce sont des « magasins de mode,
parfumeries, tabac américains » donc magasins typiques d’une société de
consommation qui a les moyens de s’acheter autre chose que ce qui est
nécessaire pour la vie/ survie. Achète du superflu.
→La satire de Duras se confirme lorsqu’elle dit que les magasins « ne
vendaient rien d’utilitaire » l. 39 et que « l’argent même, ici, ne
devait servir à rien » l. 39-40. L’insistance
sur l’inutilité de l’argent porte une critique de la richesse des
blancs : ils ont tellement d’argent qu’il a perdu sa fonction première.
Ex 3 : Ironie
grinçante de « il ne fallait pas que la richesse des
blancs leur pèse » déchargé de toutes contingences matérielles,
privilégiés, summum du luxe. Vie facile
qui met M.D en colère sans doute parce que cette vie extrêmement facile des
blancs est au prix de l’asservissement et de la douleur du peuple indigène.
B-
D’une part, cette richesse se lit son aspect de carte postale / idéal
Ex 1 : Les
rues sont végétalisées. On note un champ
lexical du végétal : l. 11 « plantés d’arbres rares »,
l. 12 « gazons », « parterre de fleurs » = l.33, l.15
« vertes, fleuries », l.20 « tamariniers », l. 25- 27
« palmiers ». Ce champ lexical fait du haut quartier un endroit
agréable où il fait bon vivre.
Ex 2 : Mais
M. Duras en fait la satire lorsqu’elle le compare à « un immense
jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur
elle-même » l. 16-19. Fait des blancs des animaux, ce qui les rabaisse et
de ce quartier un monde à part, un musée, déconnecté de la vraie vie, celle des
indigènes.
Ex 3 : l.
3-4 « les rues et les trottoirs étaient immenses » : répétition
3 fois de l’adjectif « immense » l. 5- 16 et 20. Cette répétition
crée une
hyperbole. Les rues sont donc démesurées. L.7, Duras emploie d’ailleurs
le mot « avenues » qui désigne une large voie urbaine. L.10
l’adjectif « large » est utilisé pour désigner les routes + autres hyperboles
l.5 avec l’expression « espace orgiaque » (= abondant, excessif) et l. 3 avec l’expression « mesure
surhumaine de la démarche blanche » qui désigne à la fois l’ambition
du projet urbain de colonisation et l’ampleur des travaux réalisés.
→ Cette grandeur
hyperbolique est le signe de la toute puissance des « blancs » et de
la satire de Duras.
II Ensuite, elle dénonce l’attitude des colons
A-
En effet, elle critique leur refus de l’altérité
Ils vivent en cercle
fermé. Il y a une double fermeture
1.
1ère fermeture:
« le haut quartier » l. 1
Ex 1 : la locution négative restrictive l. 1 « n’habitaient
que les blancs » souligne ce
repli sur soi comme l’expression
« entre eux » l.22 ou « les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes » l. 17-18.
2.
2ème fermeture:
« le centre du haut quartier étaient leur vrai sanctuaire ».
Ex 2 : La
métaphore du sanctuaire insiste
sur leur volonté de se couper des indigènes. Il est en même temps ironique
puisqu’il désigne normalement un endroit saint. Or ici, il désigne un café où
ils boivent de l’alcool. Encore une manière pour Duras de rabaisser les colons
qui ont un système de valeur biaisé.+ l.
36-37 « le spectacle sacré de sa propre présence ». Leur orgueil
suprême les fait se sentir des dieux !
Ex 3 : Les
indigènes sont pour eux des objets comme le montre la tournure passive l.
23-24 « avaient été mis dans des smokings » et la comparaison avec les pots de
palmiers « l. 24-25 et l.27. Pour les blancs, ce ne sont pas des
hommes. Ils sont traités en inférieurs.
→M.D dénonce, à travers l’attitude des colons le sentiment de supériorité des blancs l.41
« Tout y était noblesse » insiste sur leur sentiment de supériorité.
Le nom « noblesse » n’est pas employé par hasard. Noblesse = aristocratie= classe sociale longtemps
supérieure, riche et oisive, comme les colons puisque Duras écrit l.6 qu’ils
sont « au repos ».
B-
Ils sont en fait immoraux
Ex 1 : Sont
enclins à l’alcoolisme comme le suggère les lignes 29-30. L’énumération des alcools et l’ironie de l’expression « un
foie bien colonial » montre que l’alcoolisme est répandu chez les blancs.
Ex 2 : Ils aiment la débauche : Métaphore
« bordel magique » l. 34 qui assimile le haut quartier à un lieu de
prostitution et de désordre soulignant l’immoralité des blancs. L’adjectif
« magique », quant à lui, recouvre la vulgarité des blancs d’un voile
de merveilleux, de contes de fées pour
cacher leur immoralité.
Ex 3 : Ils
profitent des indigènes comme le montre le dernier paragraphe de l’extrait. La dénonciation
de Duras apparaît dans :
·
l.42 antiphrase :
« c’était la grande époque ». Certes pour les blancs, la colonisation permet l’enrichissement mais
pour les indigènes, c’est la pire époque puisqu’ils sont exploités et meurent.
·
La disproportion
des chiffres l. 42-43 « des centaines de milliers de
travailleurs indigènes » opposé à l. 47-48 « quelques centaines de
planteurs blancs ». Le chiffres hyperbolique des indigènes souligne l’inégalité sociale sur laquelle
se fonde le colonialisme. Associé au
chiffre hyperbolique des hectares l.44 « cent mille hectares » il met
en évidence l’exploitation des indigènes par les blancs.
·
La dureté du
travail des indigènes qui s’apparente à une violence par les références au sang
l. 44-45 « se saignaient », l. 49-51 « sang ». Le sang
renvoie à la couleur rouge comme la terre l. 44 « terres rouges » l.
44. Cette atmosphère rouge intensifie la violence faite aux indigènes.
→Prolepse de Marguerite Duras l. 52-53 qui annonce les guerres
coloniales d’Indochine.
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