vendredi 15 juin 2018

L. A 3 : Le haut quartier


L. A 3 : Le haut quartier

PBQ : Comment Duras fait-elle ici une satire de la société coloniale ?

 I Tout d’abord elle critique la richesse du quartier.

Cette richesse se lit dans différents aspects du quartier

A-     Enfin la richesse du quartier apparaît dans par son luxe
Ex 1 : Les autos : 2 adjectifs mélioratifs  « rutilante » l. 13 et « luisance » l. 31. → idée de brillance, symbole du luxe.
+ « Taxis- torpédos » l. 14 i.e décapotables, signe de richesse
+ « Autos caoutchoutées » : le caoutchouc bien que produit en Indochine reste à l’époque encore un produit de luxe, réservé aux riches.
→ bien différentes de l’auto de Joseph dont la description nous est faite p. 48-52.


Ex 2 : Les magasins :  accumulation l. 37-39 →Ce sont des « magasins de mode, parfumeries, tabac américains » donc magasins typiques d’une société de consommation qui a les moyens de s’acheter autre chose que ce qui est nécessaire pour la vie/ survie. Achète du superflu.
La satire de Duras se confirme  lorsqu’elle dit que les magasins «  ne vendaient rien d’utilitaire » l. 39 et que « l’argent même, ici, ne devait servir à rien » l. 39-40. L’insistance sur l’inutilité de l’argent porte une critique de la richesse des blancs : ils ont tellement d’argent qu’il a perdu sa fonction première.
Ex 3 : Ironie grinçante de « il ne fallait pas que la richesse des blancs leur pèse » déchargé de toutes contingences matérielles, privilégiés,  summum du luxe. Vie facile qui met M.D en colère sans doute parce que cette vie extrêmement facile des blancs est au prix de l’asservissement et de la douleur du peuple indigène.

B-     D’une part, cette richesse se lit  son aspect de carte postale / idéal

Ex 1 : Les rues sont  végétalisées. On note un champ lexical du végétal : l. 11 « plantés d’arbres rares », l. 12 « gazons », « parterre de fleurs » = l.33, l.15 « vertes, fleuries », l.20 « tamariniers », l. 25- 27 « palmiers ». Ce champ lexical fait du haut quartier un endroit agréable où il fait bon vivre.

Ex 2 : Mais M. Duras en fait la satire lorsqu’elle le compare à « un immense jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur elle-même » l. 16-19. Fait des blancs des animaux, ce qui les rabaisse et de ce quartier un monde à part, un musée, déconnecté de la vraie vie, celle des indigènes.

Ex 3 : l. 3-4 « les rues et les trottoirs étaient immenses » : répétition 3 fois de l’adjectif « immense » l. 5- 16 et 20. Cette répétition crée une hyperbole. Les rues sont donc démesurées. L.7, Duras emploie d’ailleurs le mot « avenues » qui désigne une large voie urbaine. L.10 l’adjectif « large » est utilisé pour désigner les routes + autres hyperboles l.5 avec l’expression « espace orgiaque » (= abondant, excessif) et  l. 3 avec l’expression « mesure surhumaine de la démarche blanche » qui désigne à la fois l’ambition du projet urbain de colonisation et l’ampleur des travaux réalisés.
→ Cette grandeur hyperbolique est le signe de la toute puissance des « blancs » et de la satire de Duras.   


II Ensuite, elle dénonce l’attitude des colons

A-     En effet, elle critique leur refus de l’altérité
Ils vivent en cercle fermé. Il y a une double fermeture

1.      1ère fermeture: « le haut quartier » l. 1
Ex 1 : la locution négative restrictive l. 1 « n’habitaient que les blancs » souligne ce repli sur soi  comme l’expression « entre eux » l.22 ou « les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes » l. 17-18.
2.      2ème fermeture: « le centre du haut quartier étaient leur vrai sanctuaire ».
Ex 2 : La métaphore du sanctuaire insiste sur leur volonté de se couper des indigènes. Il est en même temps ironique puisqu’il désigne normalement un endroit saint. Or ici, il désigne un café où ils boivent de l’alcool. Encore une manière pour Duras de rabaisser les colons qui ont un système de valeur biaisé.+  l. 36-37 « le spectacle sacré de sa propre présence ». Leur orgueil suprême les fait se sentir des dieux !

Ex 3 : Les indigènes sont pour eux des objets comme le montre la tournure passive l. 23-24 « avaient été mis dans des smokings » et la comparaison avec les pots de palmiers « l. 24-25 et l.27. Pour les blancs, ce ne sont pas des hommes. Ils sont traités en inférieurs.


→M.D  dénonce, à travers l’attitude des colons  le sentiment de supériorité des blancs l.41 « Tout y était noblesse » insiste sur leur sentiment de supériorité. Le nom « noblesse » n’est pas employé par hasard. Noblesse =  aristocratie= classe sociale longtemps supérieure, riche et oisive, comme les colons puisque Duras écrit l.6 qu’ils sont « au repos ».


B-     Ils sont en fait immoraux


Ex 1 : Sont enclins à l’alcoolisme comme le suggère les lignes 29-30. L’énumération des alcools et l’ironie de l’expression « un foie bien colonial » montre que l’alcoolisme est répandu chez les blancs.

Ex 2 : Ils  aiment la débauche : Métaphore « bordel magique » l. 34 qui assimile le haut quartier à un lieu de prostitution et de désordre soulignant l’immoralité des blancs. L’adjectif « magique », quant à lui, recouvre la vulgarité des blancs d’un voile de merveilleux, de contes de fées  pour cacher leur immoralité.

Ex 3 : Ils profitent des indigènes comme le montre le dernier paragraphe de l’extrait. La dénonciation de Duras apparaît dans :
·         l.42 antiphrase : « c’était la grande époque ». Certes pour les blancs,  la colonisation permet l’enrichissement mais pour les indigènes, c’est la pire époque puisqu’ils sont exploités et meurent.
·         La disproportion  des chiffres l. 42-43 « des centaines de milliers de travailleurs indigènes » opposé à l. 47-48 « quelques centaines de planteurs blancs ». Le chiffres hyperbolique des indigènes  souligne l’inégalité sociale sur laquelle se  fonde le colonialisme. Associé au chiffre hyperbolique des hectares l.44 « cent mille hectares » il met en évidence l’exploitation des indigènes par les blancs.
·         La dureté du travail des indigènes qui s’apparente à une violence par les références au sang l. 44-45 « se saignaient », l. 49-51 « sang ». Le sang renvoie à la couleur rouge comme la terre l. 44 « terres rouges » l. 44. Cette atmosphère rouge intensifie la violence faite aux indigènes.

→Prolepse de Marguerite Duras l. 52-53 qui annonce les guerres coloniales d’Indochine.


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