Intro° Un
barrage contre le pacifique
Ce texte est un extrait d’Un barrage contre le pacifique, un
roman de Marguerite Duras écrit en 1950. Cette œuvre figura dans la sélection du Prix Goncourt, qu’elle
manqua de peu. L’histoire racontée dans Un
barrage présente de nombreuses similitudes avec la vie de l’auteure mais ce
n’est pas un roman autobiographique : C’est un roman d’inspiration autobiographique. L’action se déroule en Indochine
que Duras connaît bien puisqu’elle y a passé son enfance. Il met en scène 3 personnages principaux :
la Mère, et ses enfants, Suzanne et Joseph. Veuve après la mort de son mari, professeur
de mathématiques, la mère travaille dur pour pouvoir acheter une
concession : un lopin de terre qu’elle pourrait cultiver afin de vivre
plus confortablement, ce que son salaire
d’institutrice ne lui permet pas. Mais les agents cadastraux, malhonnêtes et
corrompus, lui octroient un terrain inondable. Chaque année, alors que les
pousses de riz arrivent à maturité, la récolte est détruite par la grande marée
de juillet. La mère tentera de lutter
contre cette « déveine » (malchance). Elle décidera, avec l’aide des villageois,
de construire un barrage. Mais ce sera un échec. Les barrages, en bois, ne tiendront
pas. Rongés par les crabes, ils s’effondreront dès la montée des eaux. La Mère
essaiera alors de profiter des largesses d’un jeune Chinois, M. Jo, tombé
amoureux de Suzanne. Elle en obtiendra une bague en diamant qu’elle essaiera de
vendre, non sans difficulté car le diamant a un défaut, un
« crapaud ». Cette vie de lutte
se terminera dans la folie. La Mère mourra,
délivrant Suzanne et Joseph qui quitteront enfin la plaine de Ram.
L.A
1 : L’extrait proposé est
l’incipit du roman. On y découvre le cadre spatio- temporel, les personnages,
leur état d’esprit et leur projet suite à la mort du cheval- taxi qu’ils
avaient acheté. Cette mort les anéantit, mais elle leur permet aussi d’aller de
l’avant.
L.A 2 : L’extrait proposé évoque les enfants de la
plaine qui apparaissent dès le début du roman : ce sont les compagnons de
jeux de Suzanne et Joseph. Ici, leur évocation est moins gaie. Le taux de mortalité de ces
enfants est très élevé. Duras ébauche
une critique du colonialisme, qui se contente de prélever les richesses du pays
sans y amener progrès et vie meilleure.
L.A
3 : l’extrait proposé se situe
juste après que M. Jo ait donné la bague. La mère emmène S et J à la ville.
Tandis qu’elle cherche à vendre le
diamant, J. part à la recherche de
femmes, et Suzanne, livrée à elle-même, passe le plus clair de son temps au
cinéma dans le haut quartier blanc et chic de la ville. Duras nous en fait ici
une description.
L.A
4 : Cet extrait se
situe quelques pages avant la fin du roman. La mère n'a pas supporté le départ
de Joseph pour retrouver Lina, la femme qu'il aime. Son désespoir s'est
accentué. Plus rien ne semble la rattacher à la vie. Elle en oublie de prendre
ses pilules. Un soir Susan et Agosti la trouve dans un état alarmant. Elle meurt dans la soirée. Jean Agosti est allé à l’hôtel central de Ram
pour appeler Joseph.
Ouvertures de Conclusion Un Barrage contre le Pacifique
LA 1: Bien qu’il soit peu
conforme à ce que l’on attend d’un incipit, puisque le lecteur ne sait
presque rien des personnages, des lieux et de l’intrigue, il met en place
ce qui fait l’intérêt de cette œuvre.
En cela, il rejoint la
fonction première d’un incipit : intéresser et intriguer le lecteur.
Nathalie Sarraute, dans Enfance, n’agit pas autrement :
la mise en place du dialogue entre la narratrice et son double introduit à
l’univers de cette autobiographie originale tout en attisant la curiosité du
lecteur.
L.A 2 : Les enfants de la plaine apparaissent régulièrement dans le
roman. Ils marquent en fait l’évolution de Joseph et Suzanne.
- Au début du roman, p.20-21, ils sont leurs compagnons de jeux.
- Lorsque la mort de la mère approche, la description des enfants
devient plus sombre car contaminée par l’ombre de la mort qui pèse sur la
mère p.330.-331 : ce sont les enfants « qui ne [cessent] de
jouer que pour aller mourir » ou les enfants « de la
piste » qui se font écraser par d’indifférents automobilistes chauffards :
« quand un automobiliste en écrasait un, il s’arrêtait parfois,
payait un tribut aux parents et repartait. Le plus souvent, il repartait
sans rien payer, les parents étant loin »
- Ce sont eux qui terminent le roman, p.365, « leurs doux
piaillements » est le chant d’espoir qui accompagne Suzanne et joseph
sur le long chemin de la vie, vers la vile, sans la mère.
L.A 3 : Marguerite Duras dénonce en effet les effets néfastes du
colonialisme dans Un barrage… Lorsque
la mère construit ses barrages, elle propose un modèle de colonialisme éclairé,
qui considère les indigènes comme des
égaux et qui souhaite leur apporter plus de bien-être et de soins. p. 54 « tous seraient riches ou
presque. Les enfants ne mourraient plus de faim. On aurait des médecins. On
construirait une longue route qui
longerait les barrages et desservirait les terres libérées. » Avant la
fin de la construction des barrages, elle va même jusqu’à faire « bâtir trois cases qu’elle [baptise]
village » et « y [installe] trois familles, leur [donne] du riz, des
barques et de quoi vivre jusqu’à la récoltes des terres
libérées » p.55. Elle distribue aussi aux paysans qui l’aident « de la quinine » contre le
paludisme et du « tabac » pour
le bien être.
L.A 4 : Bien que tragique, la mort de la mère libère Joseph et
Suzanne. Ils peuvent enfin échapper à la plaine et à sa « déveine ». Un barrage contre le Pacifique se
termine sur le sentiment optimiste d'une vie nouvelle. Il en est de même à la
fin de Thérèse Desqueyroux, de
François Mauriac. Lorsque Bernard rend sa liberté à Thérèse et lui dit au
revoir dans un café parisien, le lecteur ressent comme une immense chape de
plomb se dissoudre pour laisser les personnages s'envoler vers leur propre
destin, un destin plein d'espoir.
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