vendredi 15 juin 2018

Intro° Un barrage contre le pacifique


Intro° Un barrage contre le pacifique
Ce texte est un extrait d’Un barrage contre le pacifique, un roman de Marguerite Duras écrit en 1950. Cette œuvre figura dans   la sélection du Prix Goncourt, qu’elle manqua de peu. L’histoire racontée dans Un barrage présente de nombreuses similitudes avec la vie de l’auteure mais ce n’est pas un roman autobiographique : C’est un roman d’inspiration autobiographique. L’action se déroule en Indochine que Duras connaît bien puisqu’elle y a passé son enfance. Il  met en scène 3 personnages principaux : la Mère, et ses enfants, Suzanne et Joseph. Veuve après la mort de son mari, professeur de mathématiques, la mère travaille dur pour pouvoir acheter une concession : un lopin de terre qu’elle pourrait cultiver afin de vivre plus confortablement, ce que  son salaire d’institutrice ne lui permet pas. Mais les agents cadastraux, malhonnêtes et corrompus, lui octroient un terrain inondable. Chaque année, alors que les pousses de riz arrivent à maturité, la récolte est détruite par la grande marée de juillet. La mère tentera de  lutter contre cette « déveine » (malchance). Elle décidera, avec l’aide des villageois, de construire un barrage. Mais ce sera  un échec. Les barrages, en bois, ne tiendront pas. Rongés par les crabes, ils s’effondreront dès la montée des eaux. La Mère essaiera alors de profiter des largesses d’un jeune Chinois, M. Jo, tombé amoureux de Suzanne. Elle en obtiendra une bague en diamant qu’elle essaiera de vendre, non sans difficulté car le diamant a un défaut, un « crapaud ».  Cette vie de lutte se terminera dans la folie. La Mère mourra,  délivrant Suzanne et Joseph   qui quitteront enfin la plaine de Ram.
L.A 1 : L’extrait proposé est l’incipit du roman. On y découvre le cadre spatio- temporel, les personnages, leur état d’esprit et leur projet suite à la mort du cheval- taxi qu’ils avaient acheté. Cette mort les anéantit, mais elle leur permet aussi d’aller de l’avant. 
L.A 2 : L’extrait proposé évoque les enfants de la plaine qui apparaissent dès le début du roman : ce sont les compagnons de jeux de Suzanne et Joseph. Ici, leur évocation est  moins gaie. Le taux de mortalité de ces enfants est très élevé.  Duras ébauche une critique du colonialisme, qui se contente de prélever les richesses du pays sans y amener progrès et vie meilleure.
L.A 3 : l’extrait proposé se situe juste après que M. Jo ait donné la bague. La mère emmène S et J à la ville. Tandis qu’elle cherche à  vendre le diamant,  J. part à la recherche de femmes, et Suzanne, livrée à elle-même, passe le plus clair de son temps au cinéma dans le haut quartier blanc et chic de la ville. Duras nous en fait ici une description.
L.A 4 : Cet extrait se situe quelques pages avant la fin du roman. La mère n'a pas supporté le départ de Joseph pour retrouver Lina, la femme qu'il aime. Son désespoir s'est accentué. Plus rien ne semble la rattacher à la vie. Elle en oublie de prendre ses pilules. Un soir Susan et Agosti la trouve dans un état alarmant. Elle meurt dans la soirée.  Jean Agosti est allé à l’hôtel central de Ram pour appeler Joseph.
Ouvertures  de Conclusion Un Barrage contre le Pacifique

LA 1: Bien qu’il soit peu conforme à ce que l’on attend d’un incipit, puisque le lecteur ne sait presque rien des personnages, des lieux et de l’intrigue, il met en place ce qui fait l’intérêt de cette œuvre.
En cela, il rejoint la fonction première d’un incipit : intéresser et intriguer le lecteur.
Nathalie Sarraute, dans Enfance, n’agit pas autrement : la mise en place du dialogue entre la narratrice et son double introduit à l’univers de cette autobiographie originale tout en attisant la curiosité du lecteur.

L.A 2 : Les enfants de la plaine apparaissent régulièrement dans le roman. Ils marquent en fait l’évolution de Joseph et Suzanne.
  • Au début du roman, p.20-21, ils sont leurs compagnons de jeux.
  • Lorsque la mort de la mère approche, la description des enfants devient plus sombre car contaminée par l’ombre de la mort qui pèse sur la mère p.330.-331 : ce sont les enfants « qui ne [cessent] de jouer que pour aller mourir » ou les enfants « de la piste » qui se font écraser par d’indifférents automobilistes chauffards : « quand un automobiliste en écrasait un, il s’arrêtait parfois, payait un tribut aux parents et repartait. Le plus souvent, il repartait sans rien payer, les parents étant loin »
  • Ce sont eux qui terminent le roman, p.365, « leurs doux piaillements » est le chant d’espoir qui accompagne Suzanne et joseph sur le long chemin de la vie, vers la vile, sans la mère.

L.A 3 : Marguerite Duras dénonce en effet les effets néfastes du colonialisme dans Un barrage… Lorsque la mère construit ses barrages, elle propose un modèle de colonialisme éclairé, qui  considère les indigènes comme des égaux et qui souhaite leur apporter plus de bien-être et de soins. p. 54 «  tous seraient riches ou presque. Les enfants ne mourraient plus de faim. On aurait des médecins. On construirait  une longue route qui longerait les barrages et desservirait les terres libérées. » Avant la fin de la construction des barrages, elle va même jusqu’à faire « bâtir trois cases qu’elle [baptise] village » et « y [installe] trois familles, leur [donne] du riz, des barques et de quoi vivre jusqu’à la récoltes des terres libérées » p.55. Elle distribue aussi aux paysans qui l’aident «  de la quinine » contre le paludisme et du « tabac » pour le bien être. 

L.A 4 : Bien que tragique, la mort de la mère libère Joseph et Suzanne. Ils peuvent enfin échapper à la plaine et à sa « déveine ». Un barrage contre le Pacifique se termine sur le sentiment optimiste d'une vie nouvelle. Il en est de même à la fin de Thérèse Desqueyroux, de François Mauriac. Lorsque Bernard rend sa liberté à Thérèse et lui dit au revoir dans un café parisien, le lecteur ressent comme une immense chape de plomb se dissoudre pour laisser les personnages s'envoler vers leur propre destin, un destin plein d'espoir.






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