vendredi 15 juin 2018


Fiche Lecture cursive, Les Bonnes.

         I.            Inspiration
·         Pièce inspirée d’un fait divers réel : en 1933, les sœurs Papin, Christine et Léa, assassinent sauvagement et sans raison leur maîtresse et sa fille.  (Leur arrachent les yeux et les lacèrent de coups de couteau).
·         Dans Les Bonnes, il n’y a pas cette  sauvagerie, bien qu’on  en croie les 2 sœurs tout à fait capables, et elles n’assassinent pas leur patronne, (l’une des bonnes laisse l’autre se suicider).

       II.            Les personnages principaux :
Solange est la sœur aînée, plus réservée, elle incarne la raison. Elle ressent toutefois  des pulsions meurtrières envers Madame mais n'a pas le courage de passer à l'acte.
Claire est plus jeune et plus passionnée. Elle joue le rôle de Madame. Ainsi, elle cherche à dominer moralement celle-ci et sa sœur. C'est elle qui a le courage d'écrire et d'envoyer les lettres de dénonciation ainsi que d'empoisonner le tilleul. Mais paniquée par l'idée de fuir et épuisée par leur condition, elle décide de jouer le rôle jusqu'au bout et insiste pour boire le tilleul empoisonné.
Elles se haïssent l’une l’autre mais haïssent aussi l’image qu’elles se renvoient l’une à l’autre : elles sont l’une pour l’autre un exact miroir de leur abjection. « Je n’en peux plus de notre ressemblance », lance Solange, sur quoi Claire enchaîne : « J’en ai assez de ce miroir effrayant qui me renvoie mon image comme une mauvaise odeur ».
 Même leur maitresse les confond, Claire, déguisée en Madame, ne manquera de le souligner en disant « Claire ou Solange, vous  m’irritez – car je vous confonds ».
les bonnes ne font qu’une, elles sont interchangeables ( théâtre de l’absurde). La seule solution pour se libérer serait de supprimer l’autre, ce qu’elles feront en dernier recours à la fin de la pièce →Madame n’est donc qu’un prétexte.  La haine qu’elles ont envers Madame est le reflet de leur haine mutuelle.

Madame : apparaît en tant que veuve de son amant, mère de ses domestiques, mais aussi  bourgeoise hautaine quand elle apprend la libération de Monsieur (vérifie la poussière, demande le livre des comptes, reprend ses fourrures, presse Solange pour le taxi).
Malaise existentiel chez ces trois femmes qui se confondent et qui n'ont pas d'identité propre. « Qu'est-ce que tu as ? Tu peux te ressembler, maintenant. Reprends ton visage. Allons, Claire, redeviens ma sœur... ».
 
 Le genre : mélange des genres, caractéristique du théâtre de l’absurde.
1.       Tragique
·         Fin = mort (suicide pour Claire/ Echafaud pour Solange). 
·         Reprend les 3 unités de la tragédie.
ü  Unité de temps : du soir  jusqu’à 1h du matin.
ü  Unité de lieu : la  chambre de Madame.
ü  L’unité d’action tourne autour du destin des Bonnes.

·         La catharsis est là : le spectateur éprouve de la  pitié envers la souffrance des bonnes. Mais la monstruosité de leurs actes  (volonté de tuer Madame, haine violente à son égard, Solange n’empêche pas sa sœur de se suicider) provoque aussi son effroi.

2.       Comédie
·         la tragédie met en scène des personnages nobles. Ici, les personnages sont des bonnes, normalement associées à la comédie mais qui jouent à être Madame, c’est-à-dire  un personnage de haut-rang.
·         Comique de mots parfois : utilisation de grossièretés, lapsus,
 ⇒parodie de tragédie

     III.            Sens de la pièce
1.       Critique de la bourgeoisie du XXe : Madame possède tout, ce qui provoque d'une part la fascination des bonnes mais aussi leur mépris. Il y a une rivalité les deux conditions sociales : « C'est facile d'être bonne, et souriante, et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est bonne ! ».
2.       Mais  la pièce # un plaidoyer sur la  situation des domestiques.

3.       A travers cette pièce, il cherche à transmettre sa propre humiliation  et sa solitude : le mal être des Bonnes n’est autre que celui de Jean Genet 

-          né d’un père inconnu et très jeune abandonné par sa mère. Il n’a donc personne à qui se référer. Comme les bonnes, qui se sont créées, une référence absolue sous le nom de « Madame ».
-          Tout comme Jean Genet, elles vont s’affirmer et revendiquer leur liberté à travers un crime. Pour Genet, il s’agit uniquement de vol, alors que pour les bonnes, il y a des vols (elles à M. volent des petits objets, son apparence, son attitude,  et jusqu’à sa mort lors de leur cérémonie.) mais il y a aussi le meurtre. Elles projettent de tuer Madame, mais faute d’y parvenir, Solange finit par empoisonner sa sœur, Claire. En atteignant ainsi par le crime, la liberté.
-          Encore une fois, tout comme Jean Genet, les bonnes se disent « pour le bagne ». Genet est allé en prison et se reconnaît en tant que prisonnier libre, comme ses personnages ne se sentent libres et eux-mêmes à travers la rébellion et la prison qui en est la conséquence. Liberté = rébellion= prison


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