Fiche
Lecture cursive, Les Bonnes.
I.
Inspiration
·
Pièce
inspirée d’un fait divers réel : en 1933, les sœurs Papin, Christine et Léa,
assassinent sauvagement et sans raison leur maîtresse et sa fille. (Leur arrachent les yeux et les lacèrent de
coups de couteau).
·
Dans Les Bonnes, il n’y a pas cette sauvagerie, bien qu’on en croie les 2 sœurs tout à fait capables, et
elles n’assassinent pas leur patronne, (l’une des bonnes laisse l’autre se
suicider).
II.
Les personnages principaux :
Solange est la sœur aînée, plus réservée, elle incarne la raison. Elle
ressent toutefois des pulsions meurtrières
envers Madame mais n'a pas le courage de passer à l'acte.
Claire est
plus jeune et plus passionnée. Elle joue le rôle de Madame. Ainsi, elle cherche
à dominer moralement celle-ci et sa sœur. C'est elle qui a le courage d'écrire
et d'envoyer les lettres de dénonciation ainsi que d'empoisonner le tilleul.
Mais paniquée par l'idée de fuir et épuisée par leur condition, elle décide de
jouer le rôle jusqu'au bout et insiste pour boire le tilleul empoisonné.
⇒Elles se haïssent l’une l’autre mais haïssent
aussi l’image qu’elles se renvoient l’une à l’autre : elles sont l’une
pour l’autre un exact miroir de leur abjection. « Je n’en peux plus de
notre ressemblance », lance Solange, sur quoi Claire enchaîne :
« J’en ai assez de ce miroir effrayant qui me renvoie mon image comme une
mauvaise odeur ».
Même
leur maitresse les confond, Claire, déguisée en Madame, ne manquera de le
souligner en disant « Claire ou Solange, vous m’irritez – car
je vous confonds ».
⇒les bonnes ne font qu’une, elles sont
interchangeables ( théâtre de l’absurde). La seule solution pour se libérer
serait de supprimer l’autre, ce qu’elles feront en dernier recours à la fin de
la pièce →Madame n’est donc qu’un prétexte.
La haine qu’elles ont envers Madame est le reflet de leur haine
mutuelle.
Madame :
apparaît en tant que veuve de son amant, mère de ses domestiques, mais
aussi bourgeoise hautaine quand elle
apprend la libération de Monsieur (vérifie la poussière, demande le livre des
comptes, reprend ses fourrures, presse Solange pour le taxi).
⇒ Malaise existentiel chez
ces trois femmes qui se confondent et qui n'ont pas d'identité propre. «
Qu'est-ce que tu as ? Tu peux te ressembler, maintenant. Reprends ton visage.
Allons, Claire, redeviens ma sœur... ».
Le
genre :
mélange des genres, caractéristique du
théâtre de l’absurde.
1.
Tragique
·
Fin = mort (suicide pour Claire/ Echafaud pour Solange).
·
Reprend les 3 unités de la tragédie.
ü Unité de temps : du soir jusqu’à 1h du matin.
ü Unité de lieu : la chambre de Madame.
ü L’unité d’action tourne autour du destin des
Bonnes.
·
La
catharsis est là : le spectateur éprouve de la pitié envers la souffrance des bonnes. Mais
la monstruosité de leurs actes (volonté
de tuer Madame, haine violente à son égard, Solange n’empêche pas sa sœur de se
suicider) provoque aussi son effroi.
2.
Comédie
·
la tragédie met en scène des personnages nobles. Ici, les personnages
sont des bonnes, normalement associées à la comédie mais qui jouent à être
Madame, c’est-à-dire un personnage de
haut-rang.
·
Comique de mots parfois : utilisation de grossièretés, lapsus,
⇒parodie de tragédie
III.
Sens
de la pièce
1.
Critique de la bourgeoisie du XXe : Madame possède tout, ce qui
provoque d'une part la fascination des bonnes mais aussi leur mépris. Il y a
une rivalité les deux conditions sociales : « C'est facile d'être bonne, et souriante,
et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est bonne ! ».
2. Mais la
pièce # un plaidoyer sur la situation
des domestiques.
3. A travers cette pièce, il cherche à
transmettre sa propre humiliation et sa
solitude : le mal
être des Bonnes n’est autre que celui de Jean Genet
-
né d’un
père inconnu et très jeune abandonné par sa mère. Il n’a donc personne à qui se
référer. Comme les bonnes, qui se sont créées, une référence absolue sous le
nom de « Madame ».
-
Tout
comme Jean Genet, elles vont s’affirmer et revendiquer leur liberté à travers
un crime. Pour Genet, il s’agit uniquement de vol, alors que pour les bonnes,
il y a des vols (elles à M. volent des petits objets, son apparence, son
attitude, et jusqu’à sa mort lors de
leur cérémonie.) mais il y a aussi le meurtre. Elles projettent de tuer Madame,
mais faute d’y parvenir, Solange finit par empoisonner sa sœur, Claire. En
atteignant ainsi par le crime, la liberté.
-
Encore
une fois, tout comme Jean Genet, les bonnes se disent « pour le
bagne ». Genet est allé en prison et se reconnaît en tant que prisonnier
libre, comme ses personnages ne se sentent libres et eux-mêmes à travers la
rébellion et la prison qui en est la conséquence. Liberté = rébellion= prison
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