vendredi 15 juin 2018

L.A 2 : Les enfants de la plaine.

L.A 2 : Les enfants de la plaine. 1ère partie, chapitre 6, de « Il en était de ces enfants » p. 117  à « et mouraient étouffés » p.118

Pbq : Qu’est qui rend  ce tableau des enfants de la plaine  tragique ?

I D’une part, ce tableau est tragique pcq ‘il montre des individus  enfermés dans l’immuabilité des naissances qu’ils ne peuvent endiguer. 

A- En effet, ces naissances  ne dépendent pas de la volonté des hommes 

1. l.9 Duras écrit « les femmes étaient prises naturellement » la voix passive qui met l’accent sur le côté naturel de la grossesse, comme si l’homme n’était pas responsable de ces nouvelles naissances.
2. « le ventre de chaque femme se gonflait d’un enfant, le rejetait, pour ensuite reprendre souffle d’un autre» l. 16-18 : le ventre est sujet, on a l’impression que le ventre agit seul et contrôle le rythme des naissances.

B- Mais, elles dépendent de la nature

1. Comparaison qui associe la nature aux enfants « Il en était de ces enfants comme des pluies, des fruits, des inondations » l.-2 1. suivie d’une métaphore l. 2-4 «  ils arrivaient chaque année, par marée régulière, ou si l’on veut, par récolte ou par floraison »ou comparés aux mangues vertes l. 45-46.
2. les enfants sont assimilés à du végétal : fruits, récoltes, floraison ou à de l’eau : pluies, inondations, marée. Les naissances font partie d’un cycle naturel. D’ailleurs, l. 14, Duras évoque le « rythme végétal » des naissances.
3. L’idée de cycle / rythme  est rendu dans le style de ces 2 première phrase qui propose un rythme ternaire.
4. Dans la troisième phrase, le début ressemble beaucoup à la fin : « A la saison »l. 7 « à cette saison-là  »l. 10. On a l’effet d’un miroir ou que l’on tourne en boucle
5. Le mise ne route des grossesses fait d’ailleurs suite aux  travaux des champs l. 8-9 « lorsque les travaux des rizières se relâchaient, les hommes pensaient davantage à l’amour ».  S’inscrivent dans le cycle du travail de la terre.
6. La présence des connecteurs de temps « chaque année » l.2, « à la saison sèche » l.7, « dans les mois suivants » l.10-11 « jusqu’à un an environ » l.19, « jusqu’à l’âge de douze ans » l.22, « a un an» l.26 rythme le processus de la naissance et la vie  comme s’il s’agissait du cycle de vie d’un végétal ou d’un animal. Ainsi Duras écrit de la même façon qu’un naturaliste.


C- Enfin, elles constituent un cycle immuable

1. Emploi de l’imparfait tout au long du passage : Ce temps indique une habitude, pas de  chronologie mais des répétitions sans fin.
2. Aucune femme n’échappe à ce cycle : répétition du déterminant « chaque » l.4 et 16
3. Ce cycle est immuable comme le  souligne aussi la répétition du déterminant « chaque » l. 3 chaque année, l. 3 – 6 -16 -50 l’adverbe « régulièrement » l. 14  et le membre de phrase l. 54-55 « d’autres l’année d’après prenaient la place de ceux-ci ».
4. Comparaison : Assimilé à la respiration, élément essentiel à la vie l. 15-18 « comme si d’une longue et  profonde respiration, chaque année, le ventre de chaque femme se gonflait d’un enfant, le rejetait pour ensuite reprendre souffle d’un autre ». Les verbes « gonfler » et « rejeter » rappelle les mouvements d’inspiration et d’expiration.
5. L.13-18, la phrase est régulièrement  coupée par des virgules pour marquer de courtes pauses. Elle imite la respiration des femmes, la reprise du souffle.


II D’autre part, ce tableau est tragique car la mort des enfants est fatale. 

A- Tout d’abord pcq l’homme est impuissant

1. CCT «Depuis longtemps déjà» l. 41 et « il y avait mille ans que c’était comme ça » l.33-34 marque une fatalité ancienne et inéluctable. Les hommes et les femmes sont piégés dans ce passé. Ils ne peuvent pas se détacher de cette triste vie et donc vivre dans le présent. Chaque instant nouveau devient passé.
2. Répétition 10 fois sur 25 lignes (l .36 à 61) du verbe mourir ou de nom morts. Montre l’omniprésence de la mort des enfants, son aspect fatal.
3. La tournure impersonnelle «il en mourait tellement» répétée au début de deux phrases successives l.36-37 et l.39-40 met en évidence que les hommes ne peuvent rien faire contre ces morts. Il s’agit d’une anaphore et d’une hyperbole grâce à l’adverbe «tellement» qui montre l’importance du nombre d’enfants morts. Montre surtout l’impuissance de l’homme par la tournure impersonnelle : on a l’impression d’une plante qui fane ou d’un animal qui meurt sans l’influence de l’homme
4. L’anaphore de « d’autres » l. 54-57-58 permet d’énumérer les causes diverses et variés de la mort des enfants : choléra, noyade et insolation, comme s’ils ne pouvaient vraiment pas y échapper. Il y a tjrs q chose qui les fait mourir.
5. Les tentatives de sauvetage portent peu leurs fruits l.35-36 « en sauver quelques - uns »

B- Ensuite pcq l’homme s’est soumis

1. Plus de manifestation de peine : anesthésie de l’amour parental « on ne les pleurait plus » l. 40. Le « on » est ici impersonnel.
2. On ne leur fait même pas de tombe  « on ne leur faisait pas de sépulture » l. 41-42.
3. L’adverbe « simplement » répété l.42 et 45 confirme que les hommes et les femmes se sont accoutumés à la mort des enfants car on ne peut pas lutter contre.
4. « la boue de la plaine contenait bien plus d’enfants morts » l. 37-38  et  « les enfants retournaient simplement à la terre » l. 44-45  donne une connotation religieuse. On se rappelle que dans les livres bibliques l’homme est fait de boue. L. 37-38 : vision macabre qui renforce le côté tragique du tableau.

C- Enfin parce que ces gens de la plaine  sont abandonnés et rejetés
On voit poindre ici la critique du colonialisme.
1. Les coloniaux les laissent mourir de faim

- La famine est responsable de toutes ces morts l. 52-56 répétition de l’adjectif « affamés ».  la colonisation n’a pas améliorée leur sort.
- A cause de cette faim, les enfants mangent des « mangues vertes » l. 50-52. L’apposition de l’adjectif « affamés » souligne ce lien de cause à effet. Or cô l’écrit l’auteure, la mangue verte est responsable du choléra. Précision : faux. Il s’agit plus probablement d’une diarrhée cholériforme, c’est-à-dire qui ressemble à celle donnée par le choléra. En fait une grosse gastro.

2. Les coloniaux ne les instruisent pas
- « personne dans la plaine ne semblait le savoir » l. 49. Le verbe savoir montre que les coloniaux n’ont pas apporté le savoir, l’instruction comme ils auraient dû le faire.
3. Les coloniaux ne les comprennent pas
- De plus les blancs ne comprennent pas les traditions des indigènes. Ils sont dégoutés de leur pratique. L. 30-31 «  Lorsqu’elle le faisait par hasard devant un blanc, le blanc détournait la tête de dégout.»
4. Les indigènes vivent comme des animaux. La colonisation ne leur a pas apporté la civilisation ni le bien être : l.9 « les femmes étaient prises » pour signifier la fécondation. L. 26- 29 attitude animale de la femelle qui laisse son petit se débrouiller seule et ne le retrouve que pour le nourrir. L.29 « le riz préalablement mâché » rappelle les attitudes animales. Enfin, l. 46-47 et l. 60-61 les enfants sont comparés à des « singes » ou à des chiens errants » dont ils attrapent les vers. Les coloniaux ne leur ont pas apportés les soins nécessaires.


Conclusion:
Ouverture :
1. Les enfants de la plaine apparaissent régulièrement dans le roman. Ils marquent en fait l’évolution de Joseph et Suzanne. Au début du roman, p.20-21, ils sont leurs compagnons de jeux. Lorsque la mort de la mère approche, la description des enfants devient plus sombre car contaminée par l’ombre de la mort qui pèse sur la mère p.330. Ce sont eux qui terminent le roman, p.365, « leurs doux piaillements » est le chant d’espoir qui accompagne Suzanne et joseph sur le long chemin de la vie, vers la vile, sans la mère.
2. OU cette description des enfants de le plaine montre l’aspect satirique de l’œuvre. Marguerite Duras dénonce en effet les effets néfastes du colonialisme dans Un barrage…On retrouvera cette dénonciation de manière claire et évidente dans la description qu’elle fait un peu plus loin des hauts quartiers de la Ville. 

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