L'évolution du personnage de roman

Plus on avance dans le temps, plus le personnage de roman se dégrade

1.      Le personnage de l'Antiquité au XVIe siècle

a)      Dans l'Antiquité, on ne parle pas de « roman », le mot est le genre apparaissant avec la langue romane au Moyen Âge (XIIème siècle), langue dans laquelle sont écrites les œuvres. Néanmoins dans l'Antiquité L’Iliade et L'Odyssée d'Homère fournissent le modèle de nombreux héros.

Ø  Personnage stéréotypé. Pas de grandes descriptions physiques ni psychologiques. Il est surtout défini par ses aventures, les épreuves qu'il surmonte, qui font de lui un être exceptionnel

 Exemple : dans L'Odyssée, Ulysse doit affronter de nombreuses épreuves avant de rentrer à Ithaque.

b)     Au Moyen Âge le personnage est idéalisé. C’est l'idéal chevaleresque de la bravoure, de l'honneur, de la noblesse des sentiments, de l'adresse dans les jeux tels que les tournois et de l'art de plaire en société.

Exemple : Tristan, dans Tristan et Iseut, est particulièrement courageux. Il est le seul à oser défier le Morholt, ce monstre sanguinaire qui réclamait chaque année 600 jeunes, 300 garçons et 300 filles. Iseut, quant à elle, est 1 beauté parfaite dont les cheveux d'or marquent la beauté.

On voit apparaître la « fin’amor » = « amour parfait » : un coup de foudre / amour secret / femme vénérée par sa beauté  mais qui reste inaccessible/  l'homme essaye de la conquérir en prouvant sa bravoure et son courage. Jette les bases de la rencontre amoureuse dans les romans.

c)      Au XVIe siècle, les personnages ne sont plus idéalisés. Mais ils ne sont pas encore des miroirs des hommes. Leur univers est réaliste mais eux-mêmes ne le sont pas : il s'agit d'animaux dans Le roman de renard ou de géants dans les romans de François Rabelais. Le but est de faire rire mais aussi de faire réfléchir sur la société

2.      Au XVIIe siècle le personnage reste beau et vertueux sur le plan physique mais il se complexifie sur le plan psychologique.  C'est la naissance du roman psychologique.  Il éprouve des sentiments contradictoires que le romancier analyse. Madame de La Fayette dans La princesse de Clèves montre le déchirement entre honneur vertu et amour/passion. Mais il reste positif. Il est à l’image de la société dans laquelle il évolue.

3.      Au XVIIIe siècle le personnage

Ø  est 1 individu et non plus l'incarnation d'une société. Les romans expriment les désirs

particuliers des différents personnages. Le romancier étudie la subjectivité de ses personnages d'où l'emploi récurrent de la  narration à la 1e personne.

Ø  N’incarne plus 1 perfection morale. On voit apparaître dans les romans des personnages immoraux, négatifs tel que la marquise de Merteuil ou le vicomte  de Valmont dont le seul plaisir est de pousser autrui au vice.

4.      Au XIXe siècle le personnage

Ø  Est romantique : mal du siècle, déçu par la société, regret de Napoléon, malheureux, incompris.

Ø  devient réaliste. Il est le reflet du lecteur. Il pourrait être son voisin. C'est le cas dans le roman réaliste et naturaliste. → le romancier propose 1 analyse du fonctionnement de la société.

Ø  On voit se multiplier la présence de personnages négatifs ou même de héros négatifs qui influencent négativement les héros, les poussent au vice.

5.      Au XXe siècle = déconstruction du personnage de roman.

Ø  On voit apparaître le antihéros dans les textes de de Céline ou d'Albert Camus. Il se présente comme un être banal et ordinaire. Il évolue dans un univers quotidien sans relief  ou vit dans un monde qui le dépasse. Ses réactions sont souvent inadaptées à la situation.

Ø  Avec le Nouveau roman, le personnage se déconstruit un peu plus et perd parfois son identité.

Aucun portrait physique ou moral dans les romans  d'Alain Robbe-Grillet ou de Nathalie Sarraute. Seuls sont livrés les gestes et les paroles. Le narrateur l'auteur joue avec le lecteur qui doit lui-même construire sa propre image des personnages.

6.      Au XXIe siècle le roman est 1 genre dominant les personnages sont protéiformes, changeant selon ce que les auteurs veulent faire dire ou non. D'une manière générale le personnage de roman est le miroir des interrogations de l'auteur sur l'homme et le monde.

Exemple : Laurent Gaudet choisit 1 sujet d'actualité en dénonçant la détresse des émigrants clandestins et ceux qui les exploitent dans Eldorado.