vendredi 6 avril 2018

L.A 1 : L’ouverture de la pièce p. 11 à 16 « Décor [...] Elle est irréversible »


L.A 1 : L’ouverture de la pièce p. 11 à 16  « Décor [...] Elle est irréversible »


Situation extrait :

Il s’agit ici de la scène d’exposition, c’est-à-dire du début de la pièce. C’est une scène très importante car elle permet  au dramaturge de présenter tous les éléments qui permettront d’entrer dans la pièce à savoir  le lieu, l’époque, les personnages, l’intrigue. Elle doit aussi susciter l’intérêt du lecteur/ spectateur, afin qu’il ait envie de découvrir la suite.

PBQ : En quoi pouvons-nous dire que nous avons affaire à une scène d’exposition ? 



I Présentation du cadre et de l’action de la pièce

A.         Tout d’abord, le décor présenté est celui d’un univers royal délabré (un monde qui se veut royal mais qui ne l’est plus)

Ex 1 : Champ lexical très important de la royauté « Salle du trône » l.1- 64-67, « trône» l.  3, 4, «  Appartements du roi » l.7,  « garde tenant une hallebarde » l. 12, « musique royale imitée d'après les levers du Roi du XVIIe siècle » l.15, « roi » l.3, 17,40, « reine » l.4, 23, 29,  33, « manteau de pourpre » l.18 - 36-37, « couronne » l. 19, 36, « sceptre » l.19, « Cour » l.41 ligne.
cadre royal, conforme au titre de la pièce
Trois « trônes » l.3-4 de tailles différentes : nombre qui laisse supposer au spectateur la  bigamie du roi. Le lecteur, lui, n’a aucun doute grâce à la  subordonnée relative « qui sont ceux des deux reines, ses épouses » que le roi est bigame. Cette bigamie est annoncée dès le début de la pièce, ce qui laisse supposer qu’elle est importante dans l’intrigue. Et c’est le cas puisque la lutte du roi contre la mort est renforcée tout au long de la pièce par la lutte entre Marguerite et Marie, les  deux épouses. La  première souhaite la mort du roi et incarne l’arrivée  inéluctable  de la mort; la seconde lutte pour qu’il  vive et incarne le refus de mourir du roi.
ÞLa bigamie en tant que telle suscite l’intérêt du spectateur par son aspect inhabituel pour nous, étrange. Laisse attendre quelques situations cocasses (étranges, bizarres, bouffonnes)  

Ex 2 : Répétitions l.6 à 12 et balancement antithétique
·         l.6 « à droite, au fond, petite porte » //  l.7 « à gauche, au fond, autre petite porte »
·         l.8 « à gauche, sur le devant, grande porte » //  l.10-11 « à droite de la scène ; petite porte sur le devant du plateau, du même côté »
·         l. 8-9-10 « à gauche, une fenêtre ogivale » // l. 10 « autre petite fenêtre à droite de la scène »
+ l. 3 « de part et d’autre de la scène »

→ Symétrie : espace royal donc qui se doit d’être parfait, bien structuré à l’image de du pouvoir royal qui contrôle tout et tous ses sujets
la dissymétrie renverrait quant à elle à une sorte de ‘’fausse note’’ comme si le pouvoir royal était menacé : quelque chose qui ne ‘’tourne pas rond’’ dans ce cadre royalÞ suscite l’intérêt du spectateur.

Ex 3 : l.1 Répétition de l’adverbe « vaguement » vient confirmer que qq chose ne va pas. Normalement, dans un palais, tout est en ordre, réglé et structuré. Pas de place à l’imprécision. Or ici…pb.
OU
Ex 4 : CL du délabrement : « délabrée » l.1, « musique  dérisoirement (médiocre) royale, imitée » l. 14-15 » « mégots par terre » et « la poussière » l.58, « fissure dans le mur » l. 80
→revoient à une certaine saleté qui n’est pas digne d’un univers royal.
→donne l’idée d’un délabrement qui ne va pas avec l’idée qu’on se fait d’un palais royal. Symbolique : le mur est le fondement du palais tout comme le roi. Sa fissure est symbole de la maladie du roi et de la perte de son pouvoir.

B.         En  outre, l’action annoncée est tragique : c’est la faillite d’un royaume et la mort d’un roi

Ex 1 : connotations du lait et du feu
  • l.61 « presque plus de lait » alors qu’il s’agit d’une nourriture de base
  • l.72- 73 « faire du feu » / « ne fonctionne pas » alors qu’il s’agit aussi d’un  besoin élémentaire voire vital.
→faillite du royaume confirmée par la double fonction de Juliette « femme de ménage et infirmière de ses majestés ». Lien entre les 2 fonctions : l’hygiène. Cette double fonction l’empêche de bien faire le ménage l. 61-62.  Multiples fonctions du médecin aussi. 24-25.

Ex 2 : connotation l. 92« irréversible » → fatalité→ tragédie. Idée qu’un processus est enclenché et que rien ne pourra l’arrêter. Ce processus est celui de la mort qui s’approche cf. titre est à la forme pronominale, le roi « se meurt » et c’est bien du glissement progressif d’un homme vers le néant qu’il est question dans ce texte

Ex 3 : CL du temps
  • Il y a des événements qui n’arrivent plus à se faire, faute de temps : « pas eu le temps» l.61 dit Juliette en parlant du ménage, le soleil est « en retard » l.75
  • Il y a des événements qui reviennent sans cesse : l.90 « apparue de nouveau » / « encore » en parlant du colmatage.
  • Et il y a des événements dont l’apparition semble trop rapide : « déjà » est répété deux fois, l 78-83  et renforcé par l’expression « ça va vite » l.83 / l.84 « je ne m’y attendais pas pour tout de suite »

Ex 4 : incorrections de langage
·         l. 62- 64 -68 « living room » : mot anglais qui n’est pas correct dans le monde royal où la correction de la langue doit être parfaite.
·         « il  ne m’a pas dit » l. 49 (le roi) puis avec « Eux » l. 51 = les gouvernants. Devrait continuer à employer la 3ème pers. du sing.
→Dégradation du royaume.
→Même le pouvoir de la reine est altéré. Elle ne parvient pas à corriger Juliette « combien de fois dois-je te le dire »l. 65 : registre comique et dérision.


II Présentation des personnages
A.       Le Roi

Ex 1 : Négations dans la bouche du garde
l. 47, 72 à 75 : refus d’obéissance au Roi = perte de son pouvoir

Ex 2 : Personnifications du Soleil et des radiateurs : l. 73 et 75-76.
→ perte complète du pouvoir du Roi. Les objets ne lui obéissent plus ni même le Soleil qui  connote dans notre esprit la Royauté ( Roi Soleil = emblème du Roi). Scission ente le Roi et son symbole. Perte du pourvoir royal.

Ex 3 : adverbe d’intensité l. 18 «  assez vif » → une indication capitale pour le déroulement de la pièce puisque l’on va assister à la déchéance physique de celui-ci tout au long du spectacle.
Il passe seul au fond de la scène  parce qu’il est le personnage le plus important de la pièce mais aussi parce qu’il va mourir : solitude de l’homme devant son destin.
N.B : 1er pers = le roi Bérenger Ier (nom récurrent chez Ionesco).

B.       Les autres
1.       Les reines :

Ex 1: Jeu sur les nombre l. 23- 29-30
→Ordre de passage = ordre « chronologique » des épouses = respect d l’étiquette.
→préférence du Roi pour Marie

Ex 2 : comparaison Marguerite / Marie l. 35-36 : se fait au désavantage de Marguerite.
Marie est coquette l. 37 « des bijoux » + l.18 →Marie est l’épouse agréable, séduisante donc sans doute plus proche du Roi. Celle avec qui il partage ses plaisirs.


Ex 3: Vocabulaire péjoratif pour désigner Marguerite l. 54 « pas très frais » / « air plutôt sévère » : vieille et peu attrayante. Elle n’aura pas le même rôle dans la pièce. C’est la voix de la raison. Expression « pas très frais » = voc familier ds un univers royal = décalage comique.

2.       Médecin :
Ex 11 : Enumération par juxtaposition des fonctions du médecin l. 40-41

Ex 4 : Enumération par juxtaposition des fonctions du médecin l. 40-41
→Assemblage hétéroclite = principe d’économie qui produit différents effets : comique parce que incongru, renforce idée de dégradation.
→Les 3 premiers termes renvoient à la médecine, et  évoquent déjà maladie du roi (cf. titre).
Mais les deux derniers sont d’un autre ordre. Ce sont deux fonctions traditionnelles dans une cour royale : renvoie à la mort et au destin.  Or destin du roi = mourir
N.B : il sort par le même côté que le roi (examen médical ?)

3.       Le garde :

Dans théâtre classique, c’est  un figurant sans intérêt. Ici, il  prend une certaine épaisseur : « il a l’air fatigué » l.49 il a froid l.50-51. Il a  peur des représailles « ce n’est pas ma faute » l.54. Et il parle pour lui-même non pas seulement pour annoncer une arrivée.

Ouverture de conclusion sur la mise en scène deJorje Lavelli, vue en classe :
On ressent bien cette ambiance de décrépitude, de fin de règne et de mort dans la mise en scène.

Saleté : papiers déchirés par terre
Vétusté : tapisserie noircie et déchiré
Décrépitude : Trône du roi= fauteuil de salon monté sur une table en bois. Marches= petite échelle
Trône des 2 reines = chaises en bois. Pyjama rayé sous son manteau royal → maladie, ne peut plus s’habiller. Son pouvoir aussi est malade.
→ mort du Roi et perte de son pouvoir

























 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire